Opera jette l'éponge

Robert O’Callahan (alias RoC) développeur chez Mozilla, commente dans le billet que nous traduisons ci-dessous la récente annonce du passage d’Opera à WebKit. De quoi s’agit-il ?
Pour l’utilisateur, il existe une guerre des navigateurs (Internet Explorer, Firefox, Chrome, Opera, Safari…), et de plus en plus une guerre pour les systèmes d’exploitation, en particulier pour les appareils mobiles, ce marché devenant le champ de bataille principal : Android, iOS les deux poids lourds qui s’affrontent et FirefoxOS le petit nouveau qui n’a peur de rien et qui a une longueur d’avance sur UbuntuOS…
Mais du côté du développement et des éditeurs d’applications web, ce qui compte pour que la page web soit affichée correctement et compatible avec tous les navigateurs, c’est le moteur de rendu : décisifs en coulisses, ils étaient jusqu’à présent 4 principaux seulement :

  • Trident (pour Microsoft et donc Internet Explorer) ;
  • Gecko (pour Mozilla et donc Firefox notamment) ;
  • WebKit (pour Google Chrome et Safari d’Apple) ;
  • Presto (pour Opera).


Voyez maintenant pourquoi l’abandon de ce dernier est une mauvaise nouvelle.

…Et ils ne furent plus que trois

Par Robert O’Callahan sur son blog

Traduction MozFr : Goofy, Kaze

L’annonce récente du ralliement d’Opera à WebKit est une mauvaise nouvelle. Triste jour pour le Web, car j’avais beaucoup d’estime pour leur moteur Presto et leur travail sur les standards du Web. Leur influence sur ces standards va être terriblement réduite, en particulier s’ils veulent se distinguer de ce que font Apple et Google. La grande perte pour le Web, c’est qu’on aura encore moins de diversité dans les moteurs de rendu des navigateurs, notamment pour les appareils mobiles. Cela signifie que notre travail chez Mozilla va devenir à la fois bien plus important — car nous avons désormais un moteur sur les trois viables, au lieu d’un sur les quatre, donc la diversité des moteurs est déjà dangereusement mise à mal — et bien plus difficile, dans la mesure où la monoculture de WebKit sur mobile va se renforcer et nous rendre plus compliquée la mission de promotion des standards du Web face à l’incitation à « coder pour Webkit ».

Certains vont se demander si c’est vraiment important qu’il existe une diversité de moteurs de rendu. « WebKit est open source donc si tout le monde l’utilisait et y contribuait, ce ne serait pas plus mal ? ». Si. Les standards du Web y perdraient toute signification et les processus de normalisation pourraient être remplacés par les décisions et politiques du projet WebKit. Les bugs de Webkit deviendraient la norme : il n’y aurait plus aucun moyen pour les développeurs de mener des tests sur de multiples moteurs afin de savoir si un comportement inattendu est intentionnel ou bien un bug. Ce ne serait pas le pire résultat possible — la victoire d’un moteur propriétaire serait encore pire — mais nous serions bien loin des objectifs du Web ouvert que nous efforçons d’atteindre.

Au boulot !

  • Parmi les articles en anglais qui font part de réactions similaires, voyez par exemple celui de Robert Nyman.

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